Comment le conjoint suiveur homme vit-il une expatriation ?
Même si généralement c’est plutôt la femme qui suit son mari à l’étranger, on s’aperçoit que de plus en plus de conjoints suiveurs hommes prennent part à la mobilité internationale de leur épouse. Cette évolution est en effet le reflet d’un changement des mentalités et des rôles traditionnels dans le couple, ainsi que de l’importance accordée à l’équilibre familial. Suivre sa conjointe à l’étranger peut être une expérience enrichissante, bien qu’elle nécessite souvent des sacrifices, un changement de vie et une grande capacité d’adaptation.
Cet article, c’est l’histoire d’Antoine, qui a décidé de suivre sa conjointe en Espagne. Le sujet de l’expatriation faisait partie des discussions du couple. Ce n’était donc pas nouveau. Et lorsque madame a décroché une opportunité professionnelle, le projet de mobilité s’est rapidement matérialisé.
« Cette évolution est en effet le reflet d’un changement des mentalités »
La décision de partir vivre à l’étranger en couple ouvre les portes d’une expérience unique mais cela se prépare en amont. Malgré les sacrifices, Antoine et sa conjointe ont réussi à s’adapter à leur nouvelle vie et à trouver chacun leur place. Voyons leur parcours plus en détails et leur vision d’un séjour expatrié.
- Comment est venue la nouvelle de l’expatriation ?
- Comment avez-vous annoncé votre départ à votre entourage ? Quelles furent leurs réactions ?
- Comment se sont passées les différentes étapes de cette nouvelle vie ?
- Quelles ont été les premières difficultés que vous avez rencontrées une fois sur place ?
- Qu’est-ce qui vous a manqué le plus au début de votre installation à l’étranger ?
- Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cette expérience internationale ?
- Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un homme qui hésite à suivre sa conjointe à l’étranger ?
Comment est venue la nouvelle de l’expatriation ?
Le sujet de l’expatriation s’est mis en place assez rapidement. On en parlait avec ma conjointe depuis quelques mois, mais c’est véritablement avant le Covid que tout s’est mis en route. Ma conjointe a d’abord été contactée afin de formaliser la proposition. Je me rappelle que l’on avait le choix entre s’expatrier dans un pays scandinave ou s’expatrier en Espagne.
Était-ce un projet dont vous aviez discuté au préalable avec votre conjointe ?
Oui, et je n’avais jamais fermé la porte. Ma conjointe était sur une dynamique de carrière intéressante dans un grand groupe français. Pour ma part, j’avais l’envie de repartir à l’étranger. J’ai eu la chance de vivre quelques expériences internationales durant mes études (Angleterre, Irlande, Chine). Et pour dire vrai, je n’avais pas forcément imaginé qu’une opportunité à l’étranger se représenterait de si tôt.
Comment s’est prise la décision de suivre votre conjointe en Espagne ?
Cela a été assez rapide au final. La proposition a été formalisée quelques semaines après qu’on ait donné notre go. Connaissant l’entreprise de ma conjointe, je savais que les conditions seraient bonnes. De mon côté, j’avais réalisé un cycle professionnel de presque 10 ans, dans trois entreprises appartenant chacune à des secteurs différents (chimie, robotique et logiciel), sur des postes de commercial et business development.
Je me sentais suffisamment armé pour suivre ma conjointe à l’étranger, pour sauter dans une forme d’inconnu et à terme, rebondir. Et puis, j’ai surtout vu le verre à moitié plein avec la possibilité d’apprendre une nouvelle langue, aspect qui n’a rien d’anodin quand on travaille dans le commerce international.
Comment avez-vous annoncé votre départ à votre entourage ? Quelles furent leurs réactions ?
J’ai annoncé ma décision assez normalement. « Je pars en Espagne, je suis ma conjointe ». La réaction de mes proches m’a conforté dans ma décision. Il y avait peu de doute, aussi bien dans mon esprit que dans les commentaires de mon entourage. Certains m’ont même carrément dit qu’ils trouvaient ma décision hyper courageuse. C’est vrai que je n’ai pas souvenir d’un pote qui ait suivi sa copine à l’étranger. Souvent c’est plutôt l’inverse. Mes parents étaient peut-être un tantinet plus conservateurs, mais qu’allaient-ils dire à leur fils aîné de 32 ans (rires) ?
Aviez-vous des doutes au niveau travail, niveau de vie, vos journées sur place ?
En vérité, j’y suis allé sans prendre le temps de douter. J’ai peut-être même un peu foncé la tête baissée. On sortait du premier confinement Covid, et peut-être que cela a joué. J’avais envie de prendre le large avec Paris et notre ancien 40m2 dans lequel on avait passé le premier confinement. Un mauvais souvenir.
On lit que le Covid peut ramollir, pour moi ce fut plutôt un déclencheur. Envie de faire autre chose. En fait, j’ai tout de suite vu un nouveau champ des possibles. Année sabbatique ? Reconversion ?
Bon, j’avais tout de même structuré ma démarche. Oui, le contrat expat de ma conjointe m’offrait de la sécurité, mais il était hors de question de me tourner les pouces et de passer mes journées à mater des séries. J’avais un plan : me poser d’abord, respirer ensuite, mais pour rapidement passer à l’action.
« Bon, j’avais tout de même structuré ma démarche. »
Comment se sont passées les différentes étapes de cette nouvelle vie ?
Avant de partir, genre trois ou quatre mois avant la date estimée, j’avais déjà commencé à travailler mon espagnol. Je voulais absolument avoir des notions en arrivant sur place. Apprendre l’espagnol était ma priorité numéro une ! C’en était presque devenu une obsession (et ça l’est toujours un peu, éternel insatisfait que je suis). Il me tardait de m’installer à Madrid afin de commander des livres en espagnol que j’avais repérés sur internet.
Le départ de Paris a quand même été plus difficile que prévu. Je me rappelle le jour où l’on a rendu les clefs de notre appartement, la dernière soirée à Paris. J’ai grandi en banlieue parisienne, et ai vécu à Paris quasiment 8 ans. J’ai presque tout adoré dans cette ville. Un long chapitre se refermait.
Quelles ont été les premières difficultés que vous avez rencontrées une fois sur place ?
Je n’ai pas réellement souvenir de difficultés au moment de l’installation. En fait, comme je le disais précédemment, j’étais surtout hyper enthousiaste. Je m’installais dans une ville que je connaissais déjà un petit peu, et je retrouvais un vieux pote qui s’était installé à Madrid depuis de nombreuses années.
Le quotidien de conjoint suiveur homme
J’ai aussi rencontré quelques Français, dont un vivait la même chose que moi. On est plus nombreux que l’on ne croit (rires). Le début de mon séjour s’est bien passé, j’ai démarré mes cours d’espagnol, et je passais mes après-midis en terrasse à lire des livres sur l’histoire du football argentin (en espagnol) que je m’étais enfin commandés.
Et je partais parfois quelques jours à la découverte du pays. J’ai fait un tronçon du camino de Santiago. Une vie d’étudiant en langue vivante étrangère, en quelques sortes. Et en musique, puisque je me suis également mis à apprendre la batterie dans une école (rires).
La vie professionnelle en expatriation
En parallèle, j’ai rejoint un projet de création de contenu qui couvre l’actualité du club de football que je supporte depuis toujours, le RC Lens. La plateforme propose des articles ainsi que des émissions en direct, et j’ai également mis à profit mon temps libre pour m’investir à fond dans ce projet. Journaliste sportif, c’est un rêve de gosse que je me permettais d’accomplir. Je me suis mis à écrire des articles plusieurs fois par semaine, réalisant des interviews d’anciens joueurs, et je participais aussi aux émissions hebdomadaires en direct. Je me suis pris au jeu. Cela m’a permis de faire de belles rencontres, et d’échanger avec des personnalités que je regardais plus jeune à la télé.
« J’ai rejoint un projet de création de contenu. »
Finalement, c’est véritablement au bout de 10/12 mois que j’ai commencé à me mettre la pression. J’avais, entre guillemets, « consommé » mon année sabbatique que je m’étais autorisée, et je commençais à passer des entretiens. Le retour sur le marché de l’emploi s’est avéré plus complexe que je ne l’avais imaginé. Je trouvais que mon espagnol ne progressait pas assez vite, et forcément le fait d’être inactif n’aide jamais à retrouver un job, du moins un job qui correspondait à ce que je faisais avant de partir de Paris.
Qu’est-ce qui vous a manqué le plus au début de votre installation à l’étranger ?
Les amis, les proches. Parce que même si le démarrage est enthousiasmant, tu es quand même un peu isolé, à l’écart. Et puis, j’ai vécu quelques deuils familiaux. La première année, on sortait beaucoup avec un couple d’amis français. Puis ils sont rentrés en France. Et c’est alors qu’on a vraiment dû se socialiser avec des hispanophones. Cela n’a pas été si évident, car même au bout d’un an, tu ne maîtrises pas encore parfaitement tous les rouages idiomatiques. Communiquer c’est une chose. Être totalement soi-même en est une autre. Mais avec le travail et la patience, on progresse forcément.
Aujourd’hui, vous sentez-vous à votre place en Espagne ?
Totalement. Et je suis assez satisfait de mon parcours en vérité. Je me suis fait beaucoup de très bons amis, espagnols, équatoriens, mexicains, américains, égyptiens, argentins (oui, même après la Coupe du Monde) et quelques Français aussi.
Après une période d’adaptation, puis un retour progressif dans le monde professionnel et un accompagnement par une coach, j’ai aussi retrouvé un challenge professionnel stimulant dans une entreprise espagnole.
Je suis actuellement le seul Français (sur une centaine de collaborateurs).
Je travaille comme responsable commercial à l’international, dans un environnement où la langue de travail est bien évidemment l’espagnol. L’ambiance y est bonne, et le cadre de travail exigeant.Je parle espagnol et anglais au quotidien, et j’apprends une nouvelle culture de travail.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cette expérience internationale ?
Ce qui me plaît le plus dans cette expérience c’est le fait d’avoir le sentiment d’avoir vécu plusieurs vies en moins de trois ans.
- J’ai sauté le pas de l’expatriation.
- Je me suis retrouvé sans travail pendant un peu plus d’un an.
- J’ai appris une nouvelle langue.
- J’ai connu des échecs.
- J’ai été pris par les doutes, mais j’ai toujours rebondi.
Cela n’a pas été facile tous les jours, voire carrément chaud par moment (rires). Aujourd’hui, je me sens totalement intégré ; socialement et professionnellement.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un homme qui hésite à suivre sa conjointe à l’étranger ?
Je lui dirais que l’expérience sera forcément dure. Mais qu’au final, il ne sera pas seul. Même si dans la majorité des cas, ce sont plus les conjointes qui sont concernées, j’ai rencontré quelques hommes qui avaient pris la même décision que moi.
Je pense que l’on apprend beaucoup sur soi en général dans ce type d’expérience. On s’efface, à tous les niveaux. Il faut être honnête avec soi-même, et surtout avec l’autre. C’est une aventure individuelle et de couple, qui sort un peu de la norme.
Même s’il y a des moments très compliqués, c’est hyper stimulant et au moins tout aussi riche. Partir vivre à l’étranger est une chance incroyable. Apprendre une nouvelle langue est le plus beau voyage possible. Et au final, si on reste actif, on génère forcément des opportunités. Il y a toujours un train qui passe au moins une fois, où que tu sois. Il ne faut juste pas craindre de monter à bord.
Antoine Chopin a décidé de suivre sa conjointe en Espagne. Aujourd’hui, ils ont tous les deux réussi à s’adapter à leur nouvelle vie et ont trouvé chacun leur place. Retrouvez le profil d’Antoine sur LinkedIn.